LES APPLIS BEAUTÉ, POUR OU CONTRE?

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Faut-il utiliser les applications permettant de décrypter les listes d’ingrédients? Laquelle est la meilleure? Peut-on leur faire confiance? Je reçois très régulièrement des interrogations sur les applis, très à la mode depuis quelques années.

Les applis, pour ou contre?

Ces applications permettent de scanner les listes d’ingrédients des cosmétiques pour offrir un jugement instantané sur la qualité de leurs compositions. Elles ont été développées en réponse à un besoin de transparence de la part des consommateurs qui n’ont pas forcément le temps, la patience ou l’envie d’apprendre à lire et comprendre une liste d’ingrédients rédigée en langage INCI.

Le domaine des cosmétiques est aujourd’hui emprunt de méfiance. Dans une société où beaucoup de grandes entreprises ont déçu par des scandales en tout genre, le consommateur ne fait plus aveuglément confiance aux discours commerciaux et ne s’arrête plus aux quelques mots écrits en gros sur le devant d’un packaging. Il veut savoir précisément ce qu’un produit contient et s’il compromet ses valeurs, sa planète ou sa santé en l’achetant.

Aussi, les applications étant souvent créées par des individus, start-ups ou petites entreprises (au départ), elles peuvent présenter un capital sympathie intéressant pour le consommateur qui se méfie également des réglementations en vigueur qu’il juge parfois insuffisantes concernant certaines substances polémiques, et dont il craint qu’elles puissent être influencées par certains lobbies.

Les applications présentent ainsi une solution intéressante à un problème important et sont donc, à mon sens, une bonne chose en principe. Il convient toutefois d’avoir également conscience de leurs faiblesses afin de pouvoir les utiliser à bon escient.

Les faiblesses des applis

Les listes INCI ne permettent pas de tout savoir sur la composition d’un produit.

Par exemple, la loi oblige les molécules dosées à plus de 1% à être affichées dans l’ordre décroissant de leur concentration. L’ordre des ingrédients permet donc de savoir quelles molécules sont les plus concentrées dans un produit. Il n’est cependant pas possible de connaître le pourcentage exact de concentration de chaque substance. Par exemple, un produit qui affiche une liste INCI à trois ingrédients peut être composé à 96% du premier ingrédient et à 2% des deux autres substances, tout comme il peut être composé de 33.3% de chacun des trois ingrédients. Cela signifie qu’un produit contenant une molécule mal notée par une application verra sa note impactée de la même manière si la substance est présente à faible ou à forte concentration. Cela pose problème car certaines substances peuvent être tout à fait intéressantes et inoffensives à faible dose, mais problématiques à plus forte concentration.

En outre, le nom INCI d’un produit ne permet pas de savoir si une molécule est naturelle ou non. Certaines substances existent à la fois sous forme naturelle et synthétique, et les applications ont tendance à mal noter celles-ci en les classant d’office comme étant “synthétiques”.

D’autre part, les notations ne sont pas nécessairement basées sur des jugements scientifiques, et peuvent être fortement influencées par des rumeurs ou des suspicions qui ne sont pas toujours fondées ou prouvées.

Enfin, il existe de nombreuses applications différentes, chacune avec son propre système de notation. Un produit peut donc être plus ou moins bien noté selon l’application et les critères sélectionnés. Chaque consommateur ayant également son propre système de valeurs et ses priorités propres, il peut être difficile de trouver une application qui nous corresponde parfaitement.

L’influence des applis sur le marché des cosmétiques

Les applications beauté ont acquis une telle influence sur les consommateurs que les marques prennent désormais en compte leurs systèmes de notation dans la formulation de leurs produits pour créer les cosmétiques les plus “apps-friendly” possibles.

Cette pratique n’est pas nécessairement une mauvaise chose si les marques sont encouragées à créer des produits qui répondent aux nouvelles exigences des consommateurs. Elle peut cependant amener des distorsions, par exemple quand les classements des apps - qui, rappelons-le, ne sont pas nécessairement basés sur des arguments scientifiques - sont davantage considérés que la qualité réelle et objective d’une molécule. Par exemple, les applications ont tendance à mal classer les ingrédients qu’elles ne connaissent pas, ce qui peut décourager les formulateurs à utiliser des ingrédients innovants et encore peu connus du marché.

En conclusion, les applis beauté présentent des avantages et des inconvénients. Bien qu’elles puissent être utiles pour le consommateur lorsqu’elles sont utilisées en connaissance de cause et avec un esprit critique, elles ne remplaceront jamais une réelle compréhension et connaissance des formulations cosmétiques.

Et vous, utilisez-vous une app pour vous aider dans vos achats?

Merci pour votre lecture, et à bientôt!

Emmanuelle

Emmanuelle MazzeoComment